« Pour bien comprendre le joueur, il faut bien connaître l’homme qui se cache derrière. »
Un préparateur mental, rattaché à son staff ou pas ?
C’est la question que se pose Olivier Frapolli… Car quel degré de confiance le joueur a-t-il s’il fait partie du staff ? Selon Olivier, il ne fait aucun doute qu’il doit être plus proche des joueurs parce que c’est lui qui peut les aider sur les aspects extra sportifs. Mais il peut faire partie du staff sur les aspects de concentration, gestion du stress, motivation…
On distingue ici 2 choses : le préparateur mental qui travaille sur des outils spécifiques de préparation mentale cités précédemment, serait alors rattaché au staff ; et le coach mental qui travaille avec le joueur dans sa globalité d’homme, sur des problématiques en dehors de l’aspect purement sportif, mais qu’ils emmènent avec eux sur le terrain et les empêchent parfois de performer. Car le joueur est un tout, il doit donc être pris dans sa globalité pour lui permettre d’être plus performant sur le terrain tout en respectant son bien-être.
Le coach mental a aussi un rôle très important à jouer pour faciliter la cohésion entre les joueurs et l’intégration des nouveaux. Cela leur permettrait d’appréhender plus rapidement et mieux le projet de jeu de l’équipe en début de saison.
Olivier Frapolli est un entraineur qui a déjà beaucoup réfléchi sur la place du mental dans le football. Pour lui, il ne fait aucun doute que cette place est prépondérante car la « place de l’humain est de plus en plus importante » dans l’évolution du management des équipes de football. Il a déjà travaillé avec des coachs/préparateurs mentaux pour lui, pour améliorer son management et sa gestion des joueurs. Également pour ses joueurs, dans des situations d’urgence comme c’est beaucoup le cas dans les sports collectifs en général. On est souvent plus dans le curatif que dans le préventif.
Pour lui le sujet est loin d’être tabou à l’inverse d’autres entraineurs. Il l’aborde fréquemment avec son président. Il avoue qu’avec plus de moyens financiers, il travaillerait régulièrement avec un préparateur mental dans son club et que le jour où il atteindra la ligue 2 avec L’USB ou un autre club, il aura un préparateur mental.
Mais des solutions financières, il en existe. Tout est question de priorité. N’y a-t-il pas dans chaque équipe un préparateur physique ? Le mental est un muscle qui a besoin d’exercice, comme tous les autres muscles de notre corps. Et c’est le muscle le plus important car il dirige tous les autres. J’ai personnellement quelques pistes pour financer un coach mental…
Toujours selon Olivier, il y a beaucoup d’aspects sur lesquels il faut intervenir au niveau mental entre les blessés, l’adaptation des nouveaux joueurs, la concurrence qui est de plus en plus problématique à gérer…
Les rôles de l’entraineur et du coach mental sont donc complémentaires. Car comme le souligne Olivier, l’entraineur n’est pas toujours la bonne personne pour traiter de tout cela. En effet, le joueur ne va pas forcément se confier à lui sur ses faiblesses, d’où l’importance d’avoir un coach/préparateur mental. De plus l’entraineur n’a pas forcément tous les outils pour tout traiter et il manque aussi parfois de temps.
La préparation mentale, à quel moment ?
Pour Olivier Frapolli, dès les centres de formation, c’est important, c’est une façon de sensibiliser les jeunes joueurs à ces outils-là. Il est également utile à ce moment-là pour le développement de la personne, l’échec, le déracinement… Pourtant de nombreux centres ne possèdent pas encore cette figure-là qui est pour moi si importante. Cela permettrait aux joueurs d’acquérir les bases mentales qui les aideront tout au long de la leur carrière. Par la suite, il y aura des périodes où ils en auront plus ou moins besoin.
Olivier a commencé à s’y intéresser en tant que joueur lorsqu’il a eu des blessures à répétition. Et c’est grâce à cela qu’il n’a plus été blessé par la suite. Le préparateur mental serait-il utile pour prévenir également les blessures ? L’exemple d’Olivier nous démontre que cela ne fait aucun doute. En effet, un certain nombre de blessures sont parfois liées au mental (pas toutes). Nous en avons des exemples dans tous les sports et notamment dans le football.
Management : le style Frapolli
Cette ouverture d’esprit permet à Olivier de placer l’humain au centre du débat car le joueur est un homme avant d’être un footballeur : « Pour bien comprendre le joueur, il faut bien connaître l’homme qui se cache derrière ». Le style Frapolli, selon lui, est donc un style proche du joueur tout en gardant une distance nécessaire dans ce milieu. Il dit d’ailleurs que la porte de son bureau est toujours ouverte pour la discussion avec ses joueurs.
Les 3 qualités principales d’un entraineur pour lui sont : la connaissance tactique (connaissance pure du football), la communication avec le groupe mais aussi externe avec dirigeants, presse, supporters… et le management car aujourd’hui un entraineur ne peut pas être coupé de son vestiaire.
C’est sur ce dernier point qu’un coach mental serait d’une grande utilité pour un entraineur, car le management des autres passe tout d’abord par le management de soi-même. En effet, Olivier avoue évacuer, non sans mal, la pression inhérente à l’entraineur grâce à la méditation et le sport. Mais l’aide d’un coach ne serait-elle pas utile dans ce cas-là ? Et que dire de la confiance de l’entraineur, de la motivation dans les périodes difficiles, etc… ?
La méthode Frapolli
Remise en question dans les périodes difficiles :
- Ça passe parfois par un travail plus dur à l’entrainement s’il y a un manque d’investissement de la part des joueurs
- Mais lorsqu’il sent que l’équipe fait le maximum, mais que la réussite les fuit. Il fait l’inverse en : faisant d’autres sports, annulant des séances, faire des repas entre eux… pour garder l’énergie car les mauvais résultats sont énergivore, souligne-t-il. Exemple : avant un match, il a chamboulé le protocole d’analyse de l’adversaire et l’a remplacé par une balade en bord de mer. Car il sentait son groupe tendu et pas dans une bonne énergie. Il a senti que la préparation du match ne devait pas se passer au niveau tactique mais qu’il fallait apporter quelque chose au niveau mental. Résultat : 1ère victoire en 2019.
Olivier avoue avoir « essayé pas mal de chose » et n’avoir « peut-être pas été très bon car la période a duré un bon moment » : l’apport extérieur d’un coach mental aurait peut-être été très utile dans ces moments-là.
Travail sur la capacité d’adaptation des joueurs : cela passe par de la variété dans les exercices avec beaucoup de facteurs à gérer pour améliorer la faculté de réflexion et d’adaptation des joueurs. Un travail dans des espaces réduits avec forte densité de joueurs pour que la notion de stress soit présente et obliger le joueur à faire des choix rapides.
Retrouver la confiance notamment des attaquants :
- travail spécifique sur situation avec la vidéo et reproduction à l’identique sur le terrain
- pas trop de travail spécifique aussi pour redonner de l’envie aux joueurs. Et pour éviter de mettre le doigt sur quelque chose qui ne fonctionne pas.
Olivier : « si j’avais eu la réponse, j’aurais eu moins de problème ». C’est typiquement dans ces moments-là aussi que la collaboration avec un coach mental peut apporter de nouvelles solutions pour retrouver la confiance des joueurs.
Qualités mental du joueur : Pour Olivier, le joueur doit posséder une résilience importante, une force mentale pour ne pas lâcher car la carrière d’un joueur est faite de hauts et de bas, tout comme dans un match qui est fait de hauts et de bas. Il doit avoir une certaine prise de recul sur l’environnement et les évènements. Il doit également avoir beaucoup de caractère car il peut être idolâtré mais aussi détesté. Enfin il doit être accompagné sur le plan physiologique et mental.
Encore une fois, toutes ces qualités peuvent être travaillées à l’aide d’un coach mental. Les habilités ne sont pas innées. Elles s’acquièrent avec de l’expérience et du travail.
Les rêves d’Olivier, il en a 2 :
Le 1er est plus un objectif qu’un rêve : monter en ligue 2 avec l’USB car il sait (pour l’avoir vécu avec l’US Orléans) le bonheur que cela procure autour de soi. Il rendrait des milliers de gens heureux.
A titre plus personnel, le 2ème serait d’entrainer en ligue 1 car c’est le plus haut niveau. Et il aimerait avoir sa chance pour montrer ce dont il est capable.
Je lui souhaite donc d’exhausser ses rêves !
MERCI Olivier Frapolli.