« je travaille avec quelqu’un (…) je fais 2 séances par semaine »


Christophe PELISSIER, entraîneur de l'Amiens SC en Ligue1, football


Le mercredi 20/03/2019, pour le 3ème épisode de ma série sur « Le mental dans le Football », j’étais en ligue 1, à l’Amiens SC pour interviewer son entraîneur Christophe PELISSIER. Merci à Christophe pour son accueil et sa disponibilité.

« le mental fait partie obligatoirement de la performance d’un joueur de haut niveau ou d’une équipe de haut niveau. »

Préparation mentale

  • Pour vous, quelle place occupe le mental dans la performance d’un sportif de haut niveau et plus particulière d’un joueur de football ?

C’est difficile de quantifier, simplement on ne peut l’occulter. La performance est multifactorielle, on parle de physique, de tactique et le mental fait partie obligatoirement de la performance d’un joueur de haut niveau ou d’une équipe de haut niveau. Après de là à le quantifier par rapport au reste c’est toujours difficile à dire selon les moments de la saison, et souvent selon aussi le joueur en lui-même.

« Pour moi c’est être capable d’être performant le jour J ».

  • En quoi consiste la préparation mentale d’un joueur de football selon vous? Comment la travaillez-vous ?

Pour moi c’est être capable d’être performant le jour J. Parce qu’on a souvent tendance à dire qu’il y a des joueurs d’entrainement et des joueurs de match. Et souvent c’est parti du constat que le joueur dans la semaine était souvent très performant et le week-end quand arrive le match de compétition, il perd ses moyens comme on a tendance à dire. Donc je pense que c’est important d’accompagner le joueur. Pour moi le mental ça passe par une prise en charge du joueur de manière individuelle, donc avec de la communication que cela soit avec le staff ou avec moi et de bien définir les objectifs individuels et les axes de progression sur cet aspect-là.

  • Faites-vous appel à des préparateurs mentaux ? Régulièrement ? Ponctuellement ? Pour vous ? vos joueurs ?

Pour mes joueurs non. Je sais qu’il y en a qui travaillent individuellement et ça ne me gêne nullement. Mais j’estime que le mental à l’heure actuelle ne peut pas être travaillé de manière collective car chaque joueur réagit différemment et n’a pas les mêmes attentes. Alors oui sur le travail individuel mais pas sur le travail de groupe. C’est le joueur qui doit demander à être accompagné. J’ai déjà proposé à un joueur d’être accompagné mais c’est au choix de chacun. Moi je travaille avec quelqu’un depuis 5 ans maintenant à raison de 2 fois par semaine.

« Le préparateur mental doit donner des outils au joueur en formation« 

  • Pour vous, à quel moment de la carrière d’un footballeur la préparation mentale est-elle la plus importante?

A toutes les étapes. Elle est importante pendant sa période de formation pour le préparer au sport de haut niveau qui est dur. Moi je verrais plus des préparateurs mentaux dans les centres de formation à l’heure actuelle.

Le préparateur mental doit donner des outils au joueur en formation. Après pour les joueurs professionnels, c’est une volonté individuelle du joueur. Parce que s’il y a une obligation, je pense qu’il peut y avoir l’effet inverse. Si on met un préparateur mental dans un staff, ce n’est pas efficient. En formation c’est différent, on va donner des outils qu’ils vont leur servir tout au long de leurs carrières.

 

L’entraineur

  • Quel est votre style de management ? A-t-il évolué au fil du temps? De quelle manière ?

C’est difficile de définir un style, ça dépend des moments  de la saison. Il y a des moments où on est plus directif, d’autres ou on est plus participatif. Il y a des joueurs avec lesquels on est plus directif. Il faut prendre en compte le moment de la saison et il faut prendre en compte l’individu. Quand on parle d’expérience, de situations qui nous sont amenées, on se pose des questions… et il y a des situations sur lesquelles je ne réagis pas maintenant de la même façon qu’avant.

Avez-vous un modèle de management ?

Je me suis beaucoup interrogé sur la façon dont Ferguson manageait ses équipes car j’ai eu la chance de travailler avec Fabien Bartez qui m’a expliqué comment il fonctionnait.

« Maintenant le style directif c’est terminé (…) Comme nous on a été coaché à l’époque, c’est révolu »

  • Quelles qualités doit avoir un entraineur pour diriger une équipe ? Quelles sont les vôtres ?

Maintenant, l’entraineur de haut niveau doit être proche des joueurs, avoir de l’empathie avec eux.  Qu’ils sentent qu’on est proche d’eux par ce qu’on est là pour les aider et les diriger mais il faut aussi qu’on est ce côté pas directif mais on dit souvent « une main de fer dans un gant de velours ». Je pense que c’est important que les joueurs sentent que l’on est là pour les aider mais aussi pour mettre un cadre de travail où l’on ne transige pas. Mais je pense que maintenant le style directif c’est terminé. C’est mon point de vue. Comme nous on a été coaché à l’époque, c’est révolu. Dans tout projet qu’on met en place, on a besoin d’impliquer.

  • Avez-vous la même gestion pour chaque joueur ou y-a-t-il des différences ?

Oui, c’est indéniable.  Car chaque joueur a sa personnalité et on manage pas certains joueurs comme d’autres.

  • Mentalement, y-a-t-il des différences dans le management d’une équipe de national, de ligue 2 ou d’une équipe de niveau supérieure ?

Obligatoirement, différence en interne par rapport au vestiaire lui-même, par rapport aux joueurs parce que les joueurs n’ont pas le même statut et pas les mêmes egos non plus. Ça il faut le prendre en compte. Je pense que surtout c’est très important par rapport à l’environnement. La relation qu’on a avec le joueur en ligue 1 est souvent dégradée par ce qui se passe à l’extérieur. C’est là qu’il faut être très transparent avec le joueur. Lui montre les objectifs de ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas mais on sait très bien que derrière il va y avoir une dégradation qui se fait par son entourage, qu’il soit médiatique, agents … Je dis souvent que le métier ne change pas mais c’est l’environnement qui change. La même action que l’on fait en national n’a pas la même portée que ce que l’on fait en ligue 1.

  • Quelles sont les difficultés auxquelles doit faire face un entraineur de football ?

La gestion humaine du vestiaire, les egos. La gestion de la pression extérieure : les joueurs ont besoin d’être rassurés. On sait très bien que les joueurs qui disent qu’ils ne lisent pas la presse sont des menteurs  par ce que même s’ils ne la lisent pas on va leur rapporter. C’est important de ne pas donner l’impression au vestiaire qu’on est des girouettes, c’est-à-dire que c’est pas parce qu’on a perdu, que la presse ou les supporters, nous disent tel ou tel chose que l’on change diamétralement notre façon d’agir. Il faut que l’on reste dans une bulle et que les joueurs sentent que même si on est pas bien en ce moment, le staff sait où il veut nous amener et où il veut aller. Je pense que c’est la principale qualité d’un staff.

« je travaille avec quelqu’un (…) je fais 2 séances par semaine »

  • Vous arrive-t-il de vous remettre en question ? Si oui, de quelle manière procédez-vous ?

Tous les jours. Déjà je travaille avec quelqu’un qui a une vision extérieure avec qui je fais 2 séances par semaine qui peuvent durer 20 min à 1 heure, ça dépend des fois. Mais il y a des situations où j’ai besoin d’avoir un œil extérieur qui peut me permettre de m’alerter et j’ai aussi beaucoup de communication avec mon staff.

Sur chaque situation qui peut être à risque,… je dis toujours à mon staff en début de saison que la communication ça va être le nœud ou le succès, il sera du à ça. Car quand il commence à y avoir des non-dits au niveau du staff ou au niveau des joueurs, c’est là où il y a des problèmes. Mon staff c’est pas des « béni oui-oui ». Quand on fait les réunions je veux que mon staff soit capable de me dire les choses. Après quand on sort il ne faut pas que le vestiaire s’en rende compte. Ça c’est hyper important. La remise en cause elle est permanente car dans le football il n’y a rien de pire que les certitudes.

Difficilement parce que il faut arriver à switcher. Ça c’est mon problème, j’ai du mal. Car même quand on est au repos ou en vacances, j’ai du mal à couper. Je joue un peu au golf ou je me retrouve en famille, mais c’est très compliqué, j’ai du mal…

Il y a des moments où c’est compliqué mais il faut faire preuve de résilience. Dans toutes les saisons, il y a des moments critiques, on sent que ça marche pas bien au niveau du vestiaire, du jeu… et là il faut être costaud. Ce que je dis au staff, quand on sort d’une défaite un samedi, le dimanche il faut récupérer mais le lundi il faut arriver costaud, faut pas montrer qu’on est abattu par le moment de la saison, par la défaite. C’est là que le métier est difficile car on est des êtres humains, il faut encaisser et repartir au combat dès le lundi, aussi avec l’aide du staff, c’est important.

« au niveau de la concentration il faut être tout le temps à 100-110% »

  • Je vous ai entendu dire « se faire violence mentalement », « se mettre aux exigences de la L1 », « Etre fort mentalement » qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Ça veut dire que sur le plan mental, les exigences de la ligue 1, c’est surtout dû à la concentration parce que ça demande tellement d’énergie pour des équipes comme nous qui jouons le maintien parce que certains joueurs sont un peu limite en terme de qualité et notamment quand on a commencé, il faut que le joueur donne tout mentalement, au niveau de la concentration il faut être tout le temps à 100-110%. C’est là, la difficulté et c’est pas étonnant que notamment cette année on a pris beaucoup de buts en fin de match parce que je pense qu’au bout de la 65ème-70ème il y a une baisse de vigilance, de concentration. Par rapport à ça, on a changé notre façon de s’entrainer, avant on coupait après les exercices et maintenant on ne coupe plus pendant 45 min. Avant on coupait la séance en 3-4 partie et maintenant on la découpe plus qu’en 2 parties. On met de l’intensité pendant le temps d’une mi-temps. C’est la solution qu’on a trouvé qui pour le moment ne déplait pas aux joueurs et qui amène quelque chose d’intéressant.

 

Les joueurs

  • Quelles qualités mentales doit avoir un joueur de haut niveau ?

Il faut qu’il soit résilient, c’est obligatoire car le sportif de haut niveau c’est fait de hauts et de bas, il faut être tout le temps focus sur l’objectif, il faut être concentré, travailleur, attentif … on peut en donner beaucoup mais les principales sont là avec beaucoup d’humilité aussi.

  • Avez-vous des relais sur le terrain ? comment sont-ils choisis ?

C’est moi qui les choisis. C’est d’abord des joueurs qui jouent car la parole d’un joueur qui joue est plus importante dans un vestiaire. Ensuite par rapport à la personnalité de chacun et par rapport aux différents courants du vestiaire. J’en ai défini 4 que  je vois régulièrement d’une manière formelle, chaque mois. Eux me font les remontées du vestiaire, pour l’avenir aussi, comment on veut travailler, ça peut même aller jusqu’à du travail tactique voir des déplacements ou autre. Je leur laisse parler de tout. Eux me font les remontées du vestiaire, mais c’est des joueurs qui vont retranscrire, chacun à leurs manières avec des personnalités différentes, ce que je leur ai dit. Je vois qu’un groupe switch bien sur le mental quand je vois les déclarations qu’ils font Ils ressortent les mots que je leur dis et répète la semaine ou dans les causeries d’avant match. Et quelque part je me dis qu’on est sur la même longueur d’onde.

« Il faut que chacun, au-delà de l’aspect collectif, que chacun se retrouve dans un objectif individuel. »

  • Comment impliquez-vous les joueurs dans les objectifs de l’équipe ? Quel est votre manière d’indiquer le cap et de le maintenir ?

Il y a 2 choses, il y a l’objectif collectif en termes de projet de jeu et de ce que l’on veut faire. Ça c’est important et s’est au-delà des résultats. Là l’implication elle est importante et je travaille par ligne avec les joueurs, je vois les joueurs par 3, 4 ou 5 sur ce qu’on veut faire  et on utilise beaucoup la vidéo. Et après, il y a l’objectif personnel du joueur. De manière formelle je vois les joueurs 3 fois minimum (début, milieu et fin de saison). Après je peux les voir quand je sens que des joueurs sont un peu moins bien, je tiens de suite à désamorcer, à parler avec eux, pourquoi ils jouent pas, pourquoi ça… Il faut que chacun, au-delà de l’aspect collectif, que chacun se retrouve dans un objectif individuel.

  • Est-ce que vous les impliquer dans les décisions, est-ce qu’ils ont leur mot à dire ?

Il faut arriver à les impliquer, leur faire dire des choses qu’on a envie qu’ils disent. Les amener sur ce qu’on veut faire, même sur le plan tactique, je discute beaucoup sur la préparation des matchs avec eux. Sachant ce qu’on veut faire avec le staff et dans l’implication. Oui, obligatoirement. J’ai toujours l’anecdote de quand Laurent Blanc a été viré du PSG parce que soit disant à Manchester City il avait joué à 3 derrière. Je me dis que c’est impossible que Laurent Blanc ait joué à 3 derrière sans impliquer les cadres de l’équipe.

Sur le fait de jouer à 3 défenseurs centraux, c’est quelque chose que je souhaitais mettre en place. Je l’ai mis en place sur des matchs et j’en ai discuté après avec mes défenseurs, avec les cadres, j’ai senti que c’était quelque chose où ils n’avaient pas leurs repères, qu’ils ne se sentaient pas à l’aise et qu’ils ne souhaitaient pas travailler comme ça. Donc j’ai abandonné cette idée.

  • Quelles sont les différences entre la nouvelle génération et celle de votre époque ? Qu’est-ce que cela implique dans le mode de management d’une équipe ou d’un joueur actuel ?

Simplement maintenant les joueurs sont en attente d’autre chose. Je sais pas si c’était mieux avant. Je pense qu’avant nous on nous disait tu joues là et puis c’est tout. Maintenant on est dans une approche différente et il faut expliquer aux joueurs. Est-ce que c’est l’éducation, l’environnement extérieur. Je ne sais pas. Mais c’est sûr que maintenant on ne peut plus fonctionner comme avant. Je ne sais pas si c’est bien ou pas mais on doit prendre en compte ça. On doit prendre en compte que la nouvelle génération est différente, qu’il faut travailler d’une manière différente. On parlait tout à l’heure d’implication. Je pense que si on n’arrive pas à impliquer ça peut marcher mais sur du court terme. C’est pour ça qu’on dit parfois qu’il y a des coachs qui sont fait pour sauver des équipes sur du court terme. Peut-être que quand il faut sauver une équipe, le modèle directif doit marcher mais sur la durée je n’y crois plus. Mais ça n’engage que moi.

 

La méthode PELISSIER

« pour comprendre qu’on fait un métier ou la notion de plaisir est importante »

  • Vous revenez souvent sur la notion de plaisir, est-ce que l’entrainement de ce matin ça fait partir de cela ?

Oui, parce qu’on a une reprise après 3 jours où on veut faire un travail aérobie.  On peut le faire de différentes manières. C’est souvent des choses qu’on met en place en début de semaine  pour ramener un peu de la vie dans le groupe. En ce moment, ça va mais c’est souvent des exercices que l’on fait quand ça va pas. Un petit foot golf où on ajoute une notion de compétition. Demain les 4 derniers savaient qu’ils payaient le petit déjeuner au reste de l’équipe. Petit challenge pour garder la dynamique de groupe à l’heure actuelle. Mais parfois quand il y a de mauvais résultats, tout le monde à une chape de plomb, c’est pour comprendre qu’on fait un métier ou la notion de plaisir est importante. Donc au lieu de faire un footing, aujourd’hui ils ont couru autant parce que si on regarde les données GPS, ils ont du faire entre 4 et 5 km. Et puis il y le geste technique et il y a la notion de groupe qui rentre en compte la aussi.

  • A la mi-temps d’un match, quel est votre discours si ça se passe mal ? Si ça se passe bien ?

Souvent dans la causerie d’avant match, je définis le projet de jeu, les 2ou 3 choses à faire sur le match et souvent je me sers de ça comme repère à la mi-temps. En sachant que si ça va bien je dis voilà pourquoi ça va bien. J’essaie de tenir les joueurs focus sur ce que l’on a défini avant le match. Et si ça ne se passe pas bien, ça peut être le plan de jeu qu’on avait mis en place qui ne fonctionne pas et donc là il faut changer. C’est-à-dire que cela, on le fait moins bien, peut-être qu’il faut le faire un peu plus … garder le cadre de ce que l’on avait décidé avant le match.

« c’est beaucoup beaucoup beaucoup la communication »

  • Comment aidez-vous les joueurs à retrouver la confiance lorsqu’ils en ont besoin ? les attaquants notamment ?

Encore une fois le mot communication va revenir parce que j’estime que c’est important d’écoute le joueur pour voir son ressenti. Je l’ai d’ailleurs dit tout à l’heure à un joueur que j’ai reçu là : « tu vois l’entretien il est bien, parce qu’il te fait progresser toi et il me fait progresser moi, parce que ce que tu me dis je ne l’avais peut-être pas vu comme ça. » Il faut que le joueur sente qu’on l’entend. Je pense que pour les attaquants aussi. Quand l’attaquant ne marque pas, il veut forcer son jeu. Il veut encore plus en faire et c’est là qu’il faut arriver au contraire à lui montrer ce qui va bien, voilà les déplacements qu’on peut améliorer. Mais c’est garder cette notion de fraicheur, de plaisir encore une fois et bien sur les séances devant le but mais ça on le fait. Mais je crois encore une fois que c’est beaucoup beaucoup beaucoup la communication. Je crois beaucoup en ça.

  • Comment encouragez-vous les joueurs à prendre des initiatives et comment vous gérez ça ?

Je les encourage beaucoup à prendre des initiatives surtout dans les 30 derniers mètres, je leur dis que ça leur appartient. On peut raconter ce que l’on veut nous les coachs mais dans les 30 derniers mètres, il y a le talent du joueur qui fait la différence ou pas. Après ils savent le cadre de jeu, ils savent ce que je veux ou pas. A l’intérieur de ce cadre, je les laisse s’épanouir. Chez moi les latéraux qui n’ont pas le droit de passer la médiane ça n’existe pas.

Je préfère un joueur qui tente et qui trompe qu’un joueur qui se cache pour ne pas se tromper. Je suis pour le dépassement de fonction. Je le dis souvent au joueur parce que ça m’est arrivé. Quand j’étais jeune joueur, je jouais 10 et un jour sur un match le coach m’a dit « tu as perdu tous les ballons… ». Mais comme je jouais 10, les ballons que je touchais c’était pour mettre mes attaquants dans les meilleurs dispositions alors je tentais des passes difficiles. Et il m’avait donné l’exemple d’un gars qui jouait 6 : « lui il ne perd pas un ballon… ». Mais je n’ai pas été plus con que les autres, le match d’après, tous les ballons que j’avais, au lieu de jouer vers les attaquants, j’ai joué que des passes de confort et le lundi il m’a rien dit. Ici, on a des critères d’évaluation sur chaque poste, établis en début de saison et sur lesquels je les évalue souvent. Par exemple, le milieu défensif je veux qu’il joue 1/3 des ballons vers l’avant. Un milieu de terrain qui joue que des passes de confort, si on me dit qu’il n’a pas perdu un ballon ça ne veut rien dire. Donc obligatoirement sur 10 ballons j’en veux que 3 ou 4 tu touches mes attaquants.

  • Avez-vous un accompagnement mental spécifique pour les joueurs blessés ?

Non, j’avais demandé à un joueur d’être accompagné mais il ne l’a pas souhaité. Je pensais que ça allait au-delà du médical. Il a 2 joueurs auxquels j’ai demandé qu’ils se fassent accompagner et les 2 joueurs ont refusé.

« jamais un individu ne prendra le dessus sur un collectif »

  • A Amiens, vous faites parfois des paris pour relancer des joueurs en difficultés alors qu’ils étaient des espoirs, quel est votre discours avec ses joueurs ? Comment procédez-vous pour leur redonner de la confiance ?

Déjà c’est leur définir un projet individuel au service d’un collectif. Et chaque fois que je les revois, on reprend bien le projet qui avait été défini ensemble. Après, encore une fois, c’est d’être dans l’accompagnement du joueur, ce que je dis à mon staff c’est qu’ils doivent être là pour l’accompagner, le chouchouter/dorloter…

Pour ces joueurs-là, il faut savoir pourquoi ils sont en échec, le diagnostic. On a un joueur qui est performant à l’heure actuelle et on savait qu’il avait un problème de confiance par rapport à son président, à son coach… et ici, il performe parce qu’il est dans un environnement qui lui permette d’exprimer ses qualités. Notre but il est là.

Ça ne fonctionne pas toujours car rentre aussi la volonté du joueur ou pas de s’inscrire dans un projet de jeu. Avec Gaël (Kakuta), il a fallu 3-4 mois pour le faire intégrer notre projet de jeu et une fois qu’il a compris qu’il avait tout à y gagner et qu’il s’est mis dedans, ça lui a permis de réussir sa saison et la nôtre aussi. Après on est parfois face à un autre joueur qui pense que tout le monde doit changer sa façon de jouer pour lui. Mais pour moi, jamais un individu ne prendra le dessus sur un collectif. C’est ma façon de travailler. Après il y a tout le temps des aménagements à faire, avec Gaël on en a fait mais il a compris à un moment donné que le collectif était plus fort que tout. C’est ma manière de fonctionner.

  • Avez-vous des rêves ? (imaginez que j’ai une baguette magique et que je puisse vous permettre de les assouvir, quels seraient-ils?).

Les rêves c’est de toujours progresser. D’entrainer une équipe qui ait des objectifs supérieurs. Quand on est coach, on a tous envie d’être champion du monde mais après il y a les étapes. De là ou je suis parti si déjà je pouvais jouer un match de coupe d’Europe, ça serait bien.

Merci à Christophe PELISSIER !



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